Victor Hugo. Écrivain plus connu comme auteur des romans classiques « Les Misérables » ou « Notre Dame de Paris », mais il était également doué pour la poésie et son oeuvre est nombreuse. Bien qu’il est un des meilleurs écrivains de tous les temps je crois qu’on pourrait (plus ou moins) lui ressembler à Gustavo Adolfo Bécquer; écrivain espagnol de la deuxième partie du XIXème siècle au niveau poétique.
Il faudra tout de même, établir quelques différences: Ayant fait mes études en Espagne, j’ai étudié l’oeuvre de Bécquer en détail, et j’ai fini par penser que la plus grande différence entre l’un et l’autre c’est la délicatesse: Bécquer reste entouré par les mots romantiques sans vraiment aller plus loin. Par contre, Hugo je trouve que, même s’il utilise aussi ce gendre de mots, il maîtrise comment il faut les écrire pour qu’ils montrent la réalité, dures parfois, mais toujours loyales.
Bref! en tout cas ce n’est que un avis personnel 🙂
Je vous laisse deux exemples:
Le soleil s’est couché ce soir dans les nuées (Les feuilles d’automne 1831)
Le soleil s’est couché ce soir dans les nuées.
Demain viendra l’orage, et le soir, et la nuit ;
Puis l’aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ;
Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s’enfuit !
Tous ces jours passeront; ils passeront en foule
Sur la face des mers, sur la face des monts,
Sur les fleuves d’argent, sur les forêts où roule
Comme un hymne confus des morts que nous aimons.
Et la face des eaux, et le front des montagnes,
Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts
S’iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes
Prendra sans cesse aux monts le flot qu’il donne aux mers.
Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête,
Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux,
Je m’en irai bientôt, au milieu de la fête,
Sans que rien manque au monde, immense et radieux !
Le mot (Toute la lyre)
Braves gens, prenez garde aux choses que vous dites !
Tout peut sortir d’un mot qu’en passant vous perdîtes ;
TOUT, la haine et le deuil !
Et ne m’objectez pas que vos amis sont sûrs
Et que vous parlez bas.
Ecoutez bien ceci :
Tête-à-tête, en pantoufle,
Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l’oreille du plus mystérieux
De vos amis de cœur ou si vous aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
Dans le fond d’une cave à trente pieds sous terre,
Un mot désagréable à quelque individu.
Ce MOT — que vous croyez que l’on n’a pas entendu,
Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre —
Court à peine lâché, part, bondit, sort de l’ombre ;
Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin ;
Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
Au besoin, il prendrait des ailes, comme l’aigle !
Il vous échappe, il fuit, rien ne l’arrêtera ;
Il suit le quai, franchit la place, et cætera
Passe l’eau sans bateau dans la saison des crues,
Et va, tout à travers un dédale de rues,
Droit chez le citoyen dont vous avez parlé.
Il sait le numéro, l’étage ; il a la clé,
Il monte l’escalier, ouvre la porte, passe, entre, arrive
Et railleur, regardant l’homme en face dit :
« Me voilà ! Je sors de la bouche d’un tel. »
Et c’est fait. Vous avez un ennemi mortel.